« Non décidément, il ne peut calmer ses inquiétudes qu’en posant son regard sur la lune : de sa ronde, de ses phases, au moins, il ne se sent pas du tout responsable ; c’est le dernier spectacle qui lui reste. Si son éclat t’émeut tellement, c’est parce que de son mouvement, enfin, tu te sais innocent. »
B. Latour
Sophie :
« Nous sommes tous unis par une même “puissance”. Mais nous menons nos vies, nos envies, nos rêves, nos convictions, nos croyances selon un tout autre chemin. Regarde un arbre, sa structure résume bien cela. Son tronc est unitaire, de cette unité se déploie des branches, chacune est unique et authentique. »
Sophie :
« …ce professeur émérite voit l’Homme moderne avec un marteau sur la tête, et forcément lorsque l’on a un marteau sur la tête, et bien… « On a tendance à voir tous les problèmes comme des clous ». Ce marteau en question, c’est l’économie, l’Homme moderne met une focale sur elle, l’ « homo oeconomicus »… »
Ada :
Le soleil a été, il illuminait la Terre, et c’est en occident qu’il se couche et nous laisse dans la pénombre. Les choses deviennent imperceptibles, difficiles à discerner dans ce “monde des ombres”.
« Du point de vue de la consommation, et au sein de cet empire occidentale, le consommateur, l’ ”homo œconomicus”, se retrouve comme le “prisonnier enchaîné” dans la caverne de Platon, qui ne voit du vrai monde que des ombres projetées sur un mur, nos écrans.
Cette corne d’abondance occidentale nous sert, sur un plateau d’or contreplaqué, des objets, des inventions, des croyances, des idéologies, des innovations, des informations et des formations tellement diverses et dispersées… Qu’elle finit par n’avoir ni queue, ni tête.
Tout cela s’accumulant tellement rapidement qu’on en voit plus qu’une ombre, une silhouette, un pourtour, un bout, par-ci par-là. L’humain est dépassé par tout ça. On a le nez dans le guidon, on ne comprend pas ce qu’il se passe, on ne voit pas, on ne peut pas voir… »
Sophie :
« Imagine toi au bord d’une rivière en train de compter les cygnes passants. Le nombre de cygnes blancs te fera déduire que tous les cygnes sont ainsi. Jusqu’au jour où, avec étonnement, tu aperçois un cygne tout à fait différent, il est complètement noir.
Ce cygne noir est le signe de la « dissonance statistique », que l’on appelle également le destin, ou encore le hasard. Il est « le signe d’un accident d’autant plus inimaginable que tout a été prévu et calculé. » »
Sophie :
« …ces guerres ont peut-être estompé, un temps, une consommation massive ; mais par la suite, elle l’aura au contraire davantage stimulé. Une folie des grandeurs enflammées par une peur de manquer.
Cette angoisse du manque causée par d’importantes privations au cours de ces événements, a alors pressé un nouveau bouton qui apparaît sur le tableau de bord industriel : « accélération x2 ». »
Ada :
« Depuis lors, notre doigt est resté bloqué sur ce même bouton ! Mais alors comment imaginer et transformer le statu quo d’un design au sein d’un système en panne, fragile, qui se trouve au bord du gouffre vertigineux dont parle les collapsologues ? »
Sophie :
“Fini la fête industrielle” ! La fin de ce monde et le commencement des mondes qui sont en train d’éclore dépendront des liens que l’on parviendra à tisser et de « l’imaginaire que nous réussirons à inventer dans le futur » »
« Il ne sert à rien de renoncer à un avenir joyeux à partir du moment où nous savons que “les possibles effondrements systémiques à venir sont des occasions de transformation.” N’est-ce pas, au contraire, une nouvelle des plus désirables ? »