Les châteaux sont hors-normes, ils ont traversé les siècles et ont connu toutes les époques depuis leur création jusqu’à notre ère. Aussi, d’un point de vue architectural ce sont des créations extrêmement complexes, avec 100 pièces différentes pour 100 usages différents. Ils se dressent comme un témoin intemporel de l’aristocratie passée.
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I. Le scan des pièces du château au Bic
Munie d’un Bic et d’un grand bloc de feuilles, je trace les formes que mon œil a adoré voir dans le château et je les couche sur le papier. J’effleure la surface des formes. Le Bic agit comme un scanner, captant toutes les particularités que je ne voyais pas avec la photo. Le Bic ose pénétrer au-delà de la surface.
Mon geste possède une part d’effraction, comme si j’arrivais dans le château pour détruire les espaces et en faire des successions de surfaces à motif au Bic. Mais ce geste qui se répand du sol au plafond permet une uniformisation faisant baigner les pièces dans un climat monochrome texturé. Une nouvelle respiration est ainsi insufflée.
Après avoir réalisé cette série de dessins, je me suis demandée ce que j’allais faire ensuite. Après quelques semaines de réflexion tout en continuant à créer des dessins, l’évidence m’est apparue. Si j’avais tout remis à plat, c’était pour que les éléments soient plus habilement transformables et que je puisse intervenir avec liberté.
II. La métamorphose
Pour créer de nouveaux meubles, je suis partie de ma longue observation du mobilier grâce à mon travail d’analyse au Bic. Leur aspect très figé et statique m’a particulièrement frappé. Les matériaux sont redondants, les formes aussi. Cependant ces formes marquent l’esprit du château et je n’ai pas voulu les oublier.
III. La fabrication en volume
Suite à la réalisation de ces dessins, j’ai fait le choix de les réaliser en volume 3D non seulement pour leur donner un ancrage dans la réalité mais aussi pour les replacer de la manière la plus réaliste dans leur contexte originel. Les objets transforment chaque espace immobile en une scène vivante.
IV. La mise en situation
« Je favorise un geste de dessinatrice et je réalise alors en peinture numérique chacun des mobiliers que je crée »
Le nouveau mobilier redessiné numériquement et incrusté devient alors une sorte de parasite qui vient chambouler le reste de la composition de la pièce. Les matériaux réapparaissent pour la première fois. Tous les nouveaux meubles se confrontent à leur contexte. Ils forment une passerelle entre héritage et contemporain.
Le mobilier subit une petite révolution qui ne cherche pas à supprimer les anciens codes du château mais à les prendre comme appui et à retravailler avec eux. Mis cote à cote, les 8 espaces parviennent à cohabiter ensemble et reforment à l’infini de nouveaux espaces qui se confondent et qui re chamboulent l’intérieur.
